Les origines

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La piste égyptienne

C’est la théorie la plus couramment émises quant aux origines de l’Abyssin. C’est aussi celle qui donne le plus d’éclat à la race, celle qui fait le plus rêver. Selon elle, l’Abyssin serait le descendant direct des chats sacrés qui vécurent sur les bords du Nil dans l’Égypte antique. Malheureusement pour le rêve, il semble aujourd’hui que la thèse d’une parenté directe avec les chats de l’ancienne Égypte doive être écartée. S’il est vrai que les restes momifiés et les représentations de chats de l’Égypte antique dans les caveaux funéraires ont la couleur rousse particulière des Abyssins alezans (sorrel), on sait toutefois qu’il y avait aussi des chats bleus et noirs dans l’Égypte antique. S’il est tout aussi vrai qu’ils ressemblent trait pour trait au chat qui vivait en Abyssinie vers la fin du XIXème siècle, les recherches basée sur l’analogie existant entre la structure ostéologique de l’Abyssin et celle de certains chats momifiés exhumés en Égypte n’ont débouché sur aucune preuve de parenté. De plus, hormis le chat des marais, aucun autre petit félin présentant des similitudes avec l’Abyssin n’a été découvert en Égypte ou en Éthiopie. Donc, même si de nos jours l’Abyssin présente la morphologie, la taille et la robe de ces chats sacrés, il faut y voir une prouesse de la génétique et la récompense de la patience des éleveurs anglais qui, par diverses infusions,ont pu les reconstituer. Même en admettant l’existence d’un ancêtre abyssin, son sang est aujourd’hui noyé dans les différents apports pratiqués par les éleveurs anglais depuis la fin du siècle dernier.

La piste sauvage

Vient ensuite la “piste sauvage” selon laquelle l’ancêtre de l’Abyssin serait Felis libyca, le chat sauvage d’Afrique, croisé avec Felis chaus, félin sauvage vivant dans les pleines boisées et humides de l’Égypte à l’Indochine comme, entre autre, la vallée du Nil. Felis libyca parfois appelé felis sylvestris lybica, chat sauvage d’Afrique ou chat ganté est un petit félin à la robe tabby à peine marquée sur fond jaune. Il est légèrement plus gros que le chat domestique. Chasseur du crépuscule et de la nuit, il se nourrit d’oiseaux et de petits mammifères. Il se rencontre dans toutes les régions boisées, de l’Afrique jusqu’en Inde mais est indigène aux déserts d’Afrique, de Syrie, d’Arabie et d’une partie de l’Inde. Il s’apprivoise bien et s’accouple avec le chat domestique. Le chat sauvage d’Afrique ne peut cependant pas être un parent de l’Abyssin car sa capacité crânienne est inférieure à celle de l’Abyssin et on a de plus observé que ce volume encéphalique diminue de génération en génération lorsqu’il vit en captivité. Or, l’indice crânien de la race abyssine la situe en pleine domesticité et donc sans rapport avec le type sauvage d’Afrique. Quant à Felis chaus, le chat des marais, c’est un animal de grande taille, pesant près de 10 kg, proche du lynx, et qui dans l’apparence ne présente pas beaucoup de ressemblence avec l’Abyssin.

La piste du Caracal

Il s’agit d’une autre piste sauvage qui voit l’Abyssin descendre de Felis caracal (ou lynx caracal), le lynx caracal africain. Celui-ci habite les régions chaudes d’Afrique et du Moyen-Orient. Ses proies habituelles sont de petits mammifères et des oiseaux, qu’il attrape en bondissant. Comme la chat Kaffir africain, il se serait accouplé avec des chats apprivoisés. Le lynx caracal africain peut être domestiqué, à condition d’être apprivoisé assez jeune. Il doit son aspect élégant à ses belles oreilles, dont l’extrémité est ornée d’une touffe de poils. Sa queue est courte et sa robe unie. Il fait penser à l’Abyssin de par son pelage, ses oreilles touffues et son aspect général. Cependant, il en faudrait plus qu’une simple ressemblance pour pouvoir affirmer que Felis caracal est bien l’ancêtre de notre Abyssin...

La piste asiatique

Selon de récentes études génétiques, le berceau de la race se situerait au bord de l’Océan Indien, dans le Sud-Est asiatique. L’Abyssin aurait, avec cette théorie, gardé son exotisme mais aurait déjà perdu son aspect sacré. Il est encore trop tôt pour pouvoir confirmer ou infirmer cette hypothèse.

La piste tabby

Nettement moins exotique, la “piste tabby” selon laquelle la robe caractéristique de l’Abyssin aurait été obtenue et sélectionnée en Grande-Bretagne à partir de chats tabby à poil court. Cette théorie s’appuie sur le fait que, périodiquement, des chats de type Abyssin tout à fait convaincant, naissent de parents tigrés et, inversément, dans des portées de chats Abyssins pure race, on trouve des chats tigrés. Signalons au passage que les Abyssins présentant des marques tabby sont lourdement pénalisés dans les expositions, à un point tel que les éleveurs les considèrent comme des animaux de compagnies ne devant pas être présentés en exposition. Cette théorie ne peut pas être entièrement fausse puisqu’à un moment ou à un autre, l’Abyssin a reçu du sang tabby. De là à dire que tous les tabbies entrés dans la sélection étaient d’origine anglaise, il y a un pas qui ne sera pas franchis ici.

La piste éthiopienne

Enfin, la théorie éthiopienne présente l’Abyssin comme étant le chat du Nil Bleu. Le Nil Bleu naît du lac Tana situé en Éthiopie, autrefois l’Abyssinie. Il aurait alors trôné avec les lions sur les marches du palais impérial d’Addis-Abeba. La ressemblance entre le chat Abyssin et égyptien pourrait alors tout simplement provenir de leur descendance de ce même ancêtre sauvage qu’est le chat Kaffir africain (aussi appelé chat “Cafre” ou de Cafrerie, chat ganté, chat sauvage d’Afrique ou felis (sylvestris) lybica), que l’on trouve tant en Égypte qu’en Éthiopie. Celui-ci a en effet la silhouette et le pelage des chats représentés sur les anciennes fresques égyptiennes. Ce chat Kaffir africain, allié à d’autres variétés anglaises par la suite, serait à l’origine de l’Abyssin. C’est, aujourd’hui encore, l’hypothèse la plus plausible.